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Pédagogie et vulgarisation
28/2/2023

Quel avenir pour les stations de ski ?

3 min. de lecture
Valérie Lerat
Consultante en développement durable

La neige, une denrée de plus en plus rare

La raréfaction de l’or blanc est un phénomène qui s’intensifie et qui représente l’un des impacts les plus visibles du dérèglement climatique.

Selon un rapport de 2019 du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) portant sur l’enneigement des domaines :

La quantité de neige diminuera de 10 à 40% entre 2031 et 2050 par rapport à la période 1986 – 2005.

La projection pour 2081 – 2100 est une baisse de 50 à 90%.

 

Samuel Morin, ancien directeur du Centre de recherche sur la neige à Grenoble, indique :

« A basse et moyenne altitude, deux effets se cumulent D’abord, des précipitations qui tombent plus sous forme de pluie et moins sous forme de neige. Ensuite, une fonte plus rapide du manteau neigeux. Jusqu’à environ 2000 mètres d’altitude, la durée d’enneigement a ainsi diminué d’un mois depuis les années 1970. Et elle perdra encore plusieurs semaines ces prochaines décennies. »

 

👉 Cette diminution de la durée d’enneigement d’un mois, cumulée à la hausse du coût de l’électricité et à la concurrence des grands domaines, a causé la fermeture de près de 186 stations de ski en 2021 (pour 414 encore en fonctionnement, selon une étude du géographe Pierre-Alexandre Métral).

👉 Ces fermetures laissent place à des stations complètement abandonnées et à des friches touristiques (voir reportage réalisé par Alexandre Muffon).

👉 Cela crée des risques de pollution, pose la question du démantèlement des installations qui perturbent la biodiversité et l’impact social causé par la perte d’emplois et la fermeture de commerces.

Pour éviter d’autres fermetures, les domaines investissent massivement dans les canons à neige pour produire de la neige artificielle. La station de Gresse-en-Vercors a installé 9 canons à neige supplémentaires durant l’automne 2021 (en sus des 41 canons déjà existants).

☠️ Or, ces équipement sont désastreux d’un point de vue environnemental provoquant une consommation outrancière d’eau et d’électricité.

Par exemple, la station de Font-Romeu (Pyrénées Catalanes) a pompé près de 500 000 m3 d’eau dans le lac des Bouillouses pour faire tourner ses canons.

En moyenne, c’est une consommation de 4 000 m³ à l’hectare (soit environ 1,5 piscine olympique). Mis en regard des sécheresses et canicules que nous avons connues l’été dernier, c’est un usage de l’eau aberrant qui provoque la colère des écologistes. On assiste à des sabotages des canons comme à La Clusaz.

👉C’est un véritable bouleversement pour une industrie presque centenaire.

Quel avenir possible pour ces stations ?

💡 L’enjeu principal est de rendre le domaine attractif durant les 4 saisons de l’année et de sortir du tout ski alpin, moteur d’attraction principal actuel.  C’est un défi de taille mais inévitable.

Plusieurs stations se positionnent en tant que précurseurs dans ce revirement. La station de Métabief dans le Jura ou celle de Puigmal, qui avait dû fermer ses portes en 2013, tentent de développer un nouveau modèle. L’idée serait de limiter le nombre de skieurs et lorsque le nombre de forfait journalier est atteint, on pourrait se rabattre sur d’autres activités comme les raquettes ou le ski de randonnée.

👉 Ainsi il serait possible de s’éloigner progressivement d’un tourisme de masse et d’adopter une pratique de la montagne plus responsable et proche de la nature.

🚵D’autres activités émergent comme la découverte de la biodiversité durant le printemps, les sports outdoor l’été(kayak, randonnée, VTT, escalade…) et les visites du patrimoine historique et industriel à l’automne (découvertes de fermes d’élevages, d’ateliers d’artisans…).

❗Néanmoins, pour éviter tout effet rebond indésirable (comme la spéculation immobilière, l’augmentation des flux de transports carbonés…), il est nécessaire d’impliquer les associations écologiques et les naturalistes au cœur des projets et de réalisation des études d’impact au préalable.

Une autre initiative que l’on peut citer est celle entreprise par l’association Mountain Wilderness qui met en place des chantiers de démantèlement des installations obsolètes de ces stations friches. Cela est mis en œuvre pour éviter des atteintes à la sécurité humaine et pour protéger faune et flore locale.

 

Sources :

https://reporterre.net/Les-stations-de-ski-fantomes-cherchent-un-nouveau-souffle

https://www.lesechos.fr/pme-regions/auvergne-rhone-alpes/en-50-ans-les-alpes-ont-perdu-pres-dun-mois-denneigement-1299530

https://www.mountainwilderness.fr/IMG/pdf/tap-mw-canons_a_neige.pdf

https://reporterre.net/Dans-les-Pyrenees-une-station-cherche-a-vivre-de-la-montagne-autrement

https://www.geo.fr/environnement/changement-climatique-un-avenir-sans-neige-pour-les-pistes-de-ski-206556

https://www.francebleu.fr/emissions/l-invite-de-la-redaction-de-7h45/les-stations-de-ski-du-massif-vosgien-ont-de-l-avenir-et-evoluent-en-permanence-3765120

https://reporterre.net/Ski-le-ras-le-bol-des-ecologistes

https://www.sudouest.fr/environnement/en-quete-demain/jura-la-station-de-metabief-laboratoire-a-ciel-ouvert-de-la-transition-climatique-12811231.php

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