Cet été a battu les records historiques de chaleur pendant plusieurs jours à suivre. Le mardi4 juillet était déclaré le jour le plus chaud jamais enregistré sur Terre avec une moyenne de (17,04°C) venant détrôner le 13 août 2016 (16,80°C), puis le lendemain le mercredi 5 juillet dépassait à nouveau ce seuil historique (17,06°C), enfin le jeudi 6 juillet donnait lieu à une température moyenne de (17,08°C) à la surface du globe.
En juillet, les températures ont dépassé 53°C dans la Vallée de la Mort, aux États-Unis, 52°C en Chine, 49°C en Algérie et atteint des valeurs analogues en Italie, en Espagne et en Grèce. Tout semble indiquer que ces événements encore qualifiés d' exceptionnels" sont appelés à devenir la norme.
La réaction qui nous est devenue la plus naturelle en cas de fortes chaleur est d’augmenter, si nous en avons le luxe d’en avoir une, la climatisation. Et nous voici inconsciemment, dans un nouveau paradoxe : plus nous nous rafraîchissons en utilisant la climatisation plus nous contribuons à réchauffer le climat. La climatisation devient un contributeur croissant au réchauffement de la planète. L’Executive director de l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), déclarait "Le monde va subir une crise du froid", la question de la climatisation est "l'angle mort" du débat énergétique actuel.
On vous explique :
1. Une hausse de la demande
La climatisation a été de plus en plus diffuse les dernières années. Selon le rapport de l'AIE la vente de climatiseurs a triplé depuis 1990. On compte environ 2 milliards d’appareils dans le monde, principalement aux Etats-Unis, au Japon et surtout en Chine. En Europe, 20% des ménages sont équipés en climatisation (25% en France, selon l’ADEME) et on observe un transfert des dépenses des ménages du chauffage vers la climatisation. D’ici 2050, deux fois plus de vagues de chaleur sont attendues selon Météo France et le rapport du GIEC. Il faut également prendre en compte la demande exponentielle des pays du Sud, Brésil, Thaïlande, Indonésie et Inde ou même le continent Africain qui sont encore relativement peu équipés. Dans certaines zones densément peuplées des zones tropicales, le climatiseur est crucial pour des conditions de vie minimales. À Singapour par exemple, où le climat est très chaud et humide, la consommation des climatiseurs représente un quart de la consommation des ménages.
2. Les inconvénients de la climatisation
Le potentiel de réchauffement liés à l’usage de la climatisation s’explique par de nombreux facteur :
👉 En fonctionnant comme une pompe à chaleur, la climatisation rejette la chaleur d’une pièce ou d’une voiture climatisée vers l’extérieur. Une étude menée par Environmental Research Letter montre que l’utilisation de la climatisation si elle était généralisée à tous les bâtiments pourrait directement augmenter la température de 2,4°C à Paris. (https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ab6a24)
👉 Un deuxième point est que ces appareils dans le cadre de leur production et de leur utilisation consomment énormément d'électricité qui provient principalement de sources non renouvelables et aux fortes émissions carbone (charbon, pétrole, gaz..). Aujourd’hui la totalité des climatiseurs et ventilateurs de la planète, pour leur seule utilisation ,représente près de 10 % de la consommation mondiale d'électricité, et on cette part pourrait atteindre 30% d’ici 2050 toujours selon l’AIE. Les épisodes de canicules sont également des épisodes de consommation d’électricité.
👉 Un troisième facteur de vigilance concerne les liquides réfrigérants à la base du système de refroidissement, qui sont manipulés tout au long du cycle de vie des climatiseurs (fabrication, maintenance, utilisations, fuites). Les fluides HFC (hydrofluorocarbure) et HCFC(hydrochlorofluorocarbure) ont un pouvoir de réchauffement global entre 1 300 et 3 260 fois plus élevé que le CO2, selon les chiffres de l’ADEME, ils sont donc extrêmement polluants et nocifs pour la couche d’ozone
MIEUX UTILISER :
Il convient donc prioritairement de modifier nos usages.
👉 Comme le rappelle l’Agence de la Transition Ecologique (ADEME) régler la climatisation à 26°C, plutôt que 22°C permet de réduire de moitié la consommation énergique annuelle de l’équipement.
👉 Une autre piste est également de privilégier les ventilateurs électriques, jusqu’à vingt fois moins gourmands en électricité.
Toutefois, il est essentiel de ne pas occasionner un effet rebond. L’effet rebond analysé par l’économiste britannique Jevons, se produit lorsqu’un processus gagne en efficacité (par exemple moins d’énergie nécessaire pour refroidir une pièce), alors qu’on pourrait s’attendre à une diminution de l’utilisation des ressources ainsi libérées (baisse de l’utilisation), l’effet rebond amène à un dépassement des consommations prévues et à la perte de ce bénéfice. Quelles innovations permettraient de nous rafraîchir tout en étant plus sobres en énergie ?
👉 Afin de favoriser les solutions sobres et conviviales, l’ADEME a développé un guide nommé « Garder son logement frais l’été » https://librairie.ademe.fr/cadic/7111/guide-garder-logement-frais-ete.pdf
👉 L’action principale consiste à isoler son logement. Parmi les conseils de l’ADEME, s’équiper de volets ou de stores permet de réduire la chaleur. Le Département américain de l’Energie estime que l’installation de stores aux fenêtres peut permettre de réduire jusqu’à 77% le gain thermique interne dû à la lumière du soleil. D’autres solutions en lien consistent par exemple à mettre un drap mouillé sur sa fenêtre ou à positionner une bouteille d’eau gelée devant sa fenêtre. Il est également possible d’humidifier ses rideaux.
👉 Utiliser des plantes montantes pour créer de l’ombre ou végétaliser les toits permet aussi de bénéficier de l’évapotranspiration des plantes. Les plantes ont la faculté de créer des zones de fraîcheur. Outre les effets pour le bien-être, il est essentiel de préserver les arbres dans les aires urbaines afin de nous préserver lors des épisodes de fortes chaleurs. Saviez-vous qu’un seul arbre mature évapore 450 litres d'eau par jour, soit l'équivalent de 5 climatiseurs fonctionnant 20 heures par jour.
UNE BELLE INITIATIVE :
L’entreprise Cool Roof a développé une recette de peinture blanche dans une démarche d’économie circulaire. L’entreprise recycle des coquilles d’huitres pour créer une peinture ultra-réfléchissante permettant de diminuer l’exposition au soleil. Blanchir les toitures réduirait de 60% ler échauffement des bâtiments. Cool Roof a également mis en ligne, en open-source(accessible gratuitement) une recette de peinture fabricable directement parles utilisateurs.trices, à partir d’ingrédients achetés en supermarché. C’est une vision essentielle de l’innovation qui repose sur un partage de savoirs plutôt que sur des technologies énergivores et qui peut réellement changer la donne, en excluant personne et en créant des initiatives locales et efficaces. Cool Roof travaille par exemple avec une agence au Sénégal pour démocratiser le blanchiment des toits à Dakar. Attention toutefois « Il y a beaucoup de greenwashing sur le marché du “coolroof”. Il faut se méfier des produits et revêtements blancs ou clairs qui ne sont pas forcément techniques », conclut le directeur de Cool Roof France.
Cette solution est bien sûr à équilibrer avec un verdissement des toits nécessaire à la végétalisation des villes et à la préservation de la biodiversité autour de nous.
Sources :
https://www.coolroof-france.com/fr/realisation/
https://reporterre.net/Canicule-4-astuces-ecolos-pour-se-rafraichir-sans-clim
https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/canicule-changement-climatique-la-climatisation-augmente-t-elle-de-deux-degres-la-temperature-en-ville-comme-l-affirme-mathilde-panot-de-lfi-2267417.html
https://librairie.ademe.fr/cadic/7111/guide-garder-logement-frais-ete.pdf
https://www.nouvelobs.com/societe/20230823.OBS77211/canicule-il-ne-s-agit-pas-de-supprimer-la-climatisation-mais-son-utilisation-massive-et-inconsideree.html
Raison d’être, accompagnement, actions,
recevez toute notre présentation au format pdf.